«Genève 2», ou la dernière chance pour la paix?

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” la Liberté restera notre chemin”

Article publié dans le journal le Courrier du samedi 8 juin 2013

SYRIE • Réagissant notre éditorial du 29 mai, Joseph Daher estime que la conférence internationale dite de «Genève 2» n’est pas une garantie de paix pour le peuple syrien.

La paix en Syrie passerait-elle par un accord parrainé par toutes les forces impérialistes internationales, Etats-Unis et Russie, et régionales, Arabie Saoudite et Iran, qui maintiendrait la structure du régime en place et inclurait des secteurs de l’opposition syrienne (Conseil national syrien en tête) non représentatif du mouvement populaire syrien? C’est l’argument de Benito Perez dans son éditorial du mercredi 29 mai 2013.

Dans la continuité de ma chronique du 31 mai1, je ne peux que m’inscrire en désaccord avec cette vision. Oui, le sang du peuple syrien a trop coulé et oui, le peuple syrien veut la paix. Mais pas une paix décidée par des puissances étrangères, en accord avec le régime criminel des Assad et une section de l’opposition opportuniste. De nombreuses manifestations et protestations en Syrie ont déjà eu lieu contre la future conférence de Genève –qui n’est qu’une répétition de la tentative de l’année dernière– comme contre n’importe quel accord qui maintiendrait la structure du régime. Un des slogans des manifestations du 31 mai en Syrie était «Genève 2, il y a une différence entre qui lutte pour la liberté et qui veut améliorer les conditions de la servitude», un message direct à ceux qui souhaitent des négociations avec le régime.

La conférence de Genève 2 n’a qu’un seul objectif: empêcher le changement radical par le peuple révolutionnaire syrien; limiter le vent de la liberté qui pourrait s’étendre, avec la chute du régime Assad, vers les voisins de la Syrie et les monarchies du Golfe; brider l’ouverture de nouvelles résistances en direction des territoires occupés syriens et palestiniens par Israël.

Je m’oppose également à l’assimilation des évènements en Syrie à une guerre civile sectaire ou à un conflit entre deux parties égales. Il s’agit de la lutte d’un peuple aspirant à une société démocratique et sociale contre un régime autoritaire et bourgeois.

J’affirme que la pire des solutions serait le maintien de ce régime criminel. Le statu quo ne ferait que le renforcer, comme il renforcerait les secteurs les plus réactionnaires qui cherchent à récupérer la révolution populaire. C’est uniquement la continuation et la victoire du processus révolutionnaire qui permettront de lutter contre tout groupe, religieux ou laïc, voulant imposer un nouveau système autoritaire contraire aux intérêts des classes populaires syriennes. Le retour à un statu quo d’avant la révolution tel que souhaité par la future conférence de Genève 2 n’est pas une garantie de paix, mais présage une nouvelle période d’oppression loin des idéaux de liberté et dignité.

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