Position sans ambiguïté : Soutien au peuple syrien dans sa lutte populaire et courageuse contre la dictature du régime des Assad !

Traduction de l’image: “Je suis avec la révolution syrienne”

La résistance du peuple syrien n’a pas cessé de s’amplifier depuis le début du processus révolutionnaire enclenché en mars 2011. La lutte du peuple syrien s’inscrit dans les luttes populaires en Tunisie et en Egypte et qui s’est étendue dans les autres pays de la région.

Le nouveau massacre perpétré à Daraya ces derniers jours vient s’ajouter à la longue liste des crimes du régime.  La répression terrible contre la population syrienne continue. Rami Abdel Rahmane, le chef de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a annoncé le 23 août qu’au moins 24 495 personnes sont mortes dans les violences depuis le début de la révolution, dont un total de 17 281 civils, tandis que 6 163 soldats ont été tués ainsi que 1 051 déserteurs qui ont rejoint l’insurrection.  Il faut ajouter à ces tristes nouvelles quelques 1,5 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays et quelque 250’000 réfugié(e)s dans les pays voisins.

Malgré cette répression terrible du régime, certaines sections  à gauche, toujours plus minoritaire, s’abstiennent de soutenir pleinement et sans ambiguïté la révolution syrienne, et ce, en dépit de la lutte populaire du peuple syrien pour renverser le régime et construire une nouvelle Syrie démocratique, sociale et solidaire des autres peuples en luttes, en particulier du peuple palestinien.  Certaines de ces sections se cachent derrière une interprétation biaisée de l’anti impérialisme, très primaire et faux à bien des égards, qui par le passé les ont fait défendre des régimes autoritaires comme celui de la Libye de Gaddafi ou de l’Iraq de Saddam Hussein, tandis que d’autres répètent tout simplement la propagande du régime syrien, c’est-à-dire : complot de l’Occident impérialiste allié aux pays régionaux, tels que l’Arabie Saoudite et le Qatar, contre une Syrie qui serait ‘anti-impérialiste et pro résistante’.

Une autre section de la gauche, avec un discours plus nuancé, refuse de soutenir la révolution syrienne, mais sans se ranger publiquement du côté du régime. Ils affirment que la révolution syrienne est maintenant devenue purement un conflit militaire entre l’opposition soutenue par les puissances occidentales impérialistes et régionales contre un régime qui n’est pas anti impérialiste, mais qui s’oppose aux intérêts et objectifs impérialistes dans la région.  Cette section de la gauche se concentre uniquement sur les dangers des interventions des impérialistes occidentaux et régionaux, sans un mot sur l’assistance beaucoup plus réelle et importante des Etats russes et iraniens particulièrement.  Ils évoquent également les dangers des menaces de guerres confessionnelles, sans analyser en profondeur cet élément tout en ignorant ses dynamiques. Ils ne présentent également pas de solution pour vaincre les dangers du sectarisme.

Nous dénonçons  toutes ces positions pour plusieurs raisons et notamment sur « l’anti impérialisme » du régime syrien qui n’est qu’un mensonge.  L’amnésie frappe-t-elle ces sections de la gauche ? Ne se souviennent-elles pas que Bachar Al Assad était présenté comme un réformiste par la secrétaire d’Etat  Hillary Clinton au début de la révolution en 2011 ou lorsque Nicolas Sarkozy recevait en grande pompes le dictateur syrien au palais de l’Elysée en Décembre 2010 ou l’invitation avenue des Champs-Élysées, pour assister au défilé du 14 Juillet en 2007.

De plus, comment parler de résistance lorsque ce régime a écrasé les Palestinien·nes et le mouvement progressiste au Liban en 1976, mettant un terme à leur révolution, tout cela sous l’œil bienveillant des puissances impérialistes occidentales et d’Israël. Ce même régime a participé à la guerre impérialiste contre l’Irak en 1991 avec la coalition dirigée par les Etats-Unis et a collaboré à nouveau avec ce dernier lors de la campagne de la « guerre contre le terrorisme » lancée par le président américain George Bush. Durant ces trente dernières années, le régime syrien a arrêté toutes celles et tout ceux qui tentaient de développer dans le pays une résistance pour la libération du Golan et de la Palestine, tandis qu’aucune balle n’était tirée pour libérer le Golan occupé.

La gauche révolutionnaire régionale et internationale ne peut se suffire d’une position qui ne soutient pas clairement la révolution Syrienne ou qui se montre ambigüe vis-à-vis de celle-ci, particulièrement au vu des sacrifices consentis par le peuple Syrien face à la répression.

Nous le disons en toute simplicité mais avec pleine franchise et honnêteté : ceux et celles qui nient les révolutions populaires s’interdisent dès lors d’envisager l’émancipation par la bas et par le peuple !  Ils ne peuvent donc pas être considérés de gauche.

Le mouvement populaire n’est pas mort !

Le mouvement populaire en Syrie ne s’est, contrairement à ce que l’on a pu entendre, pas retiré des rues, des universités et des places de travail malgré la répression multiforme, autant politique que militaire, et violente, du régime.

Les principales formes d’organisations ont été à travers des comités populaires au niveau des villages, quartiers, villes et régions. Ces comités populaires sont le véritable fer de lance du mouvement populaire mobilisant le peuple pour les manifestations. Ils ont aussi développé des formes d’auto-gestion basées sur l’organisation des masses dans les régions libérées du joug du régime. Des conseils populaires élus ont vu le jour pour s’occuper et gérer les régions libérées prouvant par là que c’est le régime qui provoque l’anarchie et non le peuple.

Le processus révolutionnaire  syrien est un véritable mouvement populaire et démocratique qui mobilise les classes exploitées et opprimées contre l’élite capitaliste liée à l’ordre mondial(très semblable à leurs homologues à travers le monde arabe) .

Est-il nécessaire de rappeler toutes les mesures néo libérales entreprises par ce régime qui ont appauvri la société, 60% de la population syrienne vivant sous le seuil de pauvreté ou juste au dessus, et affaibli l’économie syrienne ?  Est-il nécessaire de rappeler que le clan Assad, et notamment autour de la personne de Rami Makhlouf, à travers les processus de privatisations ont accaparé plus de 60 % des richesses économiques de la Syrie.

La résistance armée : une question de survie !

Le mouvement populaire Syrien a commencé de manière pacifique en appelant à des réformes, mais le régime a répondu par la violence et une répression tout azimut. Certaines parties de la population syrienne ont alors organisé une résistance armée pour se défendre face aux attaques des services de sécurités et des voyous, connus sous le nom des shabihas, du régime. Ils défendaient également les manifestations et la bonne organisation des comités populaires (pour une analyse plus détaillée de la résistance populaire armée : https://syriafreedomforever.wordpress.com/2012/07/06/syria-debate-and-analysis-on-the-popular-armed-opposition/).

La résistance armée du peuple syrien exprime le droit du peuple syrien à se défendre contre la répression du régime et a permis la continuation de la résistance populaire dans certaines régions face aux attaques du régime. Des conseils révolutionnaires ont été formés à travers la Syrie, de même que des comités de coordination des actions politiques et armées. Un code de bonne conduite, respectant le droit international et contre le confessionnalisme, a d’ailleurs été signé par une grande partie des groupes armés faisant partie de la résistance populaire armée contre le régime. Le nombre de signataires continue d’ailleurs à augmenter chaque jour. Ces mesures ont été prises après des actes de tortures et assassinats commis par certains groupes armées de l’opposition, par forcément lié à l’ l’Armée syrienne libre (ASL) d’ailleurs,  condamnée par le mouvement populaire et la grande majorité des bataillons de l’armée Syrienne libre. Un officier de l’ALS a d’ailleurs  déclaré dans cette vidéo (http://www.youtube.com/watch?v=6ZQD_X4YYZ8) la volonté de protéger les objectifs de la révolution et son opposition totale à tout sectarisme.

L’Unité de Résistance Civile (URC), qui a été établi en août à Damas, est une branche de l’ASL dédiée à l’organisation des actions de résistance et à l’unification des forces populaires pour former un corps militaire conjoint. Les efforts de l’URC se concentrent pour l’instant principalement sur Damas et sa banlieue( plus de détails https://syriafreedomforever.wordpress.com/2012/08/20/%D9%81%D8%B1%D9%82%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D9%85%D9%82%D8%A7%D9%88%D9%85%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%B4%D8%B9%D8%A8%D9%8A%D8%A9-f-s-a-civil-resistance-unit/).

Composée de soldats déserteurs et de civils ayant pris les armes, la résistance populaire armée bénéficie de véritables racines populaires au sein de l’insurrection. La plus importante section du mouvement révolutionnaire syrien est celui des prolétaires ruraux et urbains et des «classes moyennes» économiquement marginalisées qui ont subi l’application des politiques néolibérales, notamment depuis l’arrivée au pouvoir de Bachar el-Assad. Ce sont majoritairement ces composantes de la révolution actuelle qui ont rejoint les groupes armés de l’Armée Syrienne Libre (ASL). Il est dès lors complètement fallacieux et loin de toute analyse matérialiste d’identifier tous ces groupes armés comme des proxys agissant pour le compte et les intérêts des puissances impérialistes mondiales ou régionales.  Nous avons d’ailleurs pu constater comment différentes demandes du mouvement populaire, notamment l’unification de l’ASL, l’ appel contre le sectarisme et l’appel à la préservation des objectifs de la révolution, ont été pris en compte par l’opposition armée populaire.

De même, considérer la résistance populaire armée comme un groupe d’islamistes agissant en toute indépendance du mouvement populaire est loin de toute réalité. Il est certain que les Syriens de confession musulmane sunnite représentent la majorité de la résistance populaire armée, mais considérer chaque personne de cette communauté comme un islamiste est faux et surtout islamophobe. En effet, un musulman n’est pas égal à islamiste. La résistance armée populaire regroupe toutes les composantes idéologiques, ethniques et religieuses de la société syrienne.

Enfin, la présence de soldats étrangers est une réalité, mais qui est surmédiatisée et qui n’a qu’une influence négligeable sur le terrain. La plupart des analystes de la région et activistes sur le terrain s’accordent à dire qu’ils ne dépasseraient pas les 1000 hommes, alors que la résistance populaire armée se compose d’environ 70 000 hommes. Ils sont présents uniquement dans un nombre très limité de groupes. Il est d’autre part intéressant de noter que ces éléments jihadistes ne sont souvent pas vus d’un bon œil par les populations locales (voir certains passages de l’article http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-orient/djihadistes-en-syrie-une-faible-presence-dument-exploitee_1146676.html).

De même, la soi disant aide massive envoyée par les puissances impérialistes au mouvement populaire et à la résistance armée reste à être démontrée par des faits tangibles et réels après plus de 18 mois de luttes (voir l’article http://www.guardian.co.uk/world/2012/aug/09/syria-bashar-al-assad). La plupart des pays occidentaux ont refusé d’ailleurs toute aide militaire aux révolutionnaires armés, tout en promettant une aide non militaire. Les moyens faibles de la résistance armée populaire proviennent tout d’abord de l’armé du régime (armes emportées par les soldats qui ont fait défection, l’achat d’armes à des officiers corrompus, butins de guerre).

Les puissances impérialistes ne veulent pas la chute du régime

Les grandes puissances occidentales impérialistes et autres puissances impérialistes mondiales telles que la Russie et la Chine, et régionale, comme l’Iran, dans leur ensemble et sans exception, continuent  de vouloir mettre en œuvre en Syrie une solution de type Yéménite, en d’autres termes, sabrer la tête du régime, le dictateur Bachar Al Assad, tout en maintenant sa structure intacte– comme on a pu le constater lors des rencontres entre officiels américains et russes, ou lors de la conférence internationale le 30 juin dernier à Genève. Le seul point d’achoppement reste la position Russe qui tente encore par tous les moyens de maintenir Assad au pouvoir, mais qui pourrait le sacrifier dans un avenir proche pour préserver ses intérêts en Syrie. Les Etats-Unis de leur côté ont exprimé à plusieurs reprises leur désir de voir préserver la structure militaire et des services de sécurité intactes du régime (http://www.reuters.com/article/2012/07/30/us-syria-crisis-usa-idUSBRE86T1KP20120730).

Les grandes puissances n’ont en effet pas avantage à voir le régime s’effondrer, pour les raisons évoquées plus haut et la sécurité d’Israël dont les frontières avec la Syrie sont calmes depuis 1973.

Refus du sectarisme

Le peuple syrien a continué de répéter son refus du confessionnalisme, malgré toutes les tentatives du régime pour allumer ce feu dangereux dont il a fait usage sous différentes formes depuis la prise de pouvoir du clan Assad en 1970. Le mouvement populaire a réaffirmé sa lutte unitaire, en développant un sentiment de solidarité nationale et sociale qui transcende les divisions ethniques et confessionnelles.

Dans de nombreuses manifestations, nous pouvons voir des écriteaux annonçant « le sectarisme est le tombeau de la révolution ou des patries » ou “Non au sectarisme“. A la suite de chaque massacre du régime ou attentats non revendiqués, organisés par le régime pour beaucoup, contre des manifestations, les comités populaires les dénoncent et appellent à l’unité du peuple ( voir par exemple « about the bombing of Jurmana » http://www.lccsyria.org/10034)

Les comités locaux de coordination (CLC) en Syrie ont d’ailleurs organisé en Juin dernier une campagne sous le slogan «La liberté est ma secte“, dans lequel les CLC ont brandi des symboles et panneaux rejetant le discours sectaire, les pratiques sectaires du régime, et les tentatives meurtrières ce celui-ci qui s’emploie à transformer la révolution syrienne en un piège sectaire. Au sein du Comité de la ville de Saraqeb, les manifestants des CLC ont brandi des panneaux qui représentaient les symboles de toutes les confessions syriennes, tandis que des manifestants à Daeel manifestaient avec une pancarte disant «A l’avenir, en Syrie, la politique d’exclusion sera terminée”.

Ces indicateurs témoignent de la conscience politique et humaniste d’une grande majorité au sein du mouvement populaire. Le peuple syrien a conscience que la lutte contre le confessionnalisme passe par la lutte et le renversement de ce régime criminel, et par un changement radical de la société.

Le combat contre le confessionnalisme est une partie essentielle de la lutte pour la démocratie, la justice sociale, la laïcité et l’établissement de politiques solidaires avec les  peuples luttant également pour la liberté et la dignité, et particulièrement le peuple palestinien.

Cette rupture avec les politiques et pratiques confessionnelles du régime s’oppose également aux Etats du Golfe dans leur propagande sectaire et également aux sections de l’opposition syrienne, très minoritaire il faut dire mais néanmoins présentes, soutenant ce genre de discours. Lest Etats du Golfe, il convient de le rappeler, soutiennent financièrement quelques petits groupes armés islamistes, mais pas pour voir ou permettre la victoire de la révolution syrienne. Il s’agit bien au contraire d’une tentative de détourner la révolution syrienne de ses objectifs initiaux et toujours présent, c’est-à-dire une démocratie civile, la justice sociale et la liberté principalement, pour la transformer en guerre sectaire. Les Etats du Golfe craignent en effet une diffusion de la révolution dans la région qui menacerait leurs pouvoirs et intérêts. La transformation de la nature de la révolution en guerre sectaire permettrait aussi de faire peur à leurs propres populations en leur présentant les choses suivantes : tout changement dans la région a de grandes chances de tomber dans des guerres sectaires et  donc il faut encourager le statu quo, en d’autres mots le maintien des puissances dictatoriales.

Les directions réactionnaires de ces pays veulent intervenir en Syrie pour circonscrire le processus révolutionnaire et restreindre les conséquences politiques, sociales et économiques des révolutions.

Certaines parties de l’opposition ont également tenté de se construire une base locale à travers l’aide humanitaire ou le financement de certains groupes armées. Les Frères musulmans ont notamment été condamné à plusieurs reprises pour ce type d’agissements, et un officier de l’ASL a d’ailleurs dénoncé le vol de donations par l’organisation islamiste et le non soutien à l’ASL mais à d’autres groupes non liés à cette dernière (http://www.youtube.com/watch?v=YnfxD1yqQlQ).

Conclusion

La lutte du peuple syrien fait écho à cette phrase du manifeste du parti communiste : « les prolétaires n’ont rien à perdre que leur chaine. Ils ont le monde à gagner ». La gauche ne peut dès lors que soutenir cette lutte pour la dignité et la liberté comme nous l’avons fait pour les autres révolutions populaires de la région !

Notre soutien pour la révolution s’inscrit dans la lutte pour l’émancipation du peuple syrien, et également dans notre soutien à la révolution permanente.

La révolution permanente signifie s’opposer et renverser le régime dictatorial des Assad, tout en s’opposant aux impérialismes mondiaux et régionaux, lesquels tentent de détourner le processus révolutionnaire syrien pour leurs propres intérêts et contre ceux du peuple syrien. C’est pour cette raison que nous refusons et condamnons toutes les interventions étrangères en Syrie, que ce soit de l’axe occidental et Saoudien/Qatari, tout comme l’axe Irano- russe qui soutient le régime dans sa répression contre le mouvement populaire et dans toutes ses capacités militaires et financières.

La continuation de la révolution s’inscrit aussi dans la volonté de construire une Syrie libre, démocratique, laïque et révolutionnaire qui s’emploie à éliminer toutes les inégalités et discriminations sociales, ethniques, de genre et religieuses, à appuyer le droit à l’autodétermination du peuple kurde, à respecter les minorités religieuses et ethniques, et à garantir les libertés démocratiques et politiques de tous et toutes.

La révolution sera permanente car elle s’engage également à mettre tout en œuvre pour libérer le Golan occupé, à soutenir les droits du peuple palestinien pour le retour des réfugiés et à l’autodétermination sur le territoire de la Palestine historique, et à assister les autres peuples de la région dans leurs luttes contre leurs dictateurs et l’impérialisme.

Vive la révolution permanente jusqu’à la victoire!

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